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biographie

son interview par Slawek Wojtowicz

( août 1988 - New York )

version originale sur le site http://www.slawcio.com ( page directe )
traduction réalisée par Jean-Claude Monot

présentée ici avec l'aimable autorisation de Slawek Wojtowicz

 

 

Slawek Wojtowicz
 Si vous demandez à n'importe quel fan de SF en Pologne « qui est Isaac Asimov ? » il ou elle vous répondra sans aucune hésitation : « l'un des plus grands écrivains dans le monde ». Vous seriez surpris d'apprendre que vous êtes aussi fameux dans un pays où seulement une petite partie de votre oeuvre a été traduite, et où la majorité des habitants ne lit pas l'anglais. Mais par contre, un fan polonais moyen ne serait pas capable d'en dire beaucoup sur Isaac Asimov en tant que personne. Que pouvez-vous nous dire sur votre vie ?
Isaac Asimov
 Eh bien, je suis né en Union Soviétique en 1920, j'ai émigré aux Etats-Unis avec ma famille en 1923 et je vis à New York depuis ce temps-là. J'ai obtenu mon doctorat en physique à l'université de Columbia en 1948. Je suis marié, et j'ai deux enfants de mon premier mariage. J'ai commencé à lire de la science-fiction quand j'avais neuf ans. J'ai vendu ma première histoire quand j'en avais dix-huit et mon premier livre à trente ans. Depuis, j'ai publié 394 livres. J'ai 25 autres livres sous presses. Certains d'entre eux sont des romans à énigmes, d'autres des livres pour enfants, ou encore des livres scientifiques, littéraires, humoristiques, mythologiques — parmi ceux auxquels je pense.
S.W.Pouvez-vous nous dire à quoi ressemble une de vos journées ?
I.A.Ce matin, j'ai fait mon éditorial scientifique hebdomadaire pour le syndicat du Los Angeles Times. Je travaille actuellement sur un roman, dont le premier jet en est à un peu plus de la moitié. Il sera bientôt temps d'écrire mon article mensuel pour le magazine Fantasy and science fiction. J'écris également une grande Histoire de la science, pour le moment j'en suis en 1945 ; il me reste donc une quarantaine d'années, mais ce sont des années très difficiles... j'ai donc encore beaucoup de travail.
S.W.Vous reste-t-il du temps pour d'autres choses que l'écriture ?
I.A.Tout ce que je fais c'est écrire. Je ne fais presque rien d'autre, si ce n'est manger, dormir et parler à ma femme.
S.W.Puis-je vous demander sur quoi vous travaillez actuellement ?
I.A.Le roman « Némésis ». Ce n'est pas un élément d'une autre série — ni de « Fondation » ni des romans sur les robots. C'est quelque chose de totalement différent.
S.W.Quels sont vos projets pour l'avenir ? Quels sujets allez-vous explorer ?
I.A.Je n'ai aucun projet particulier. Seulement, prendre garde d'être à court de romans. Souvent les éditeurs me demandent quelque chose de précis, et c'est ainsi que je sais ce que je ferai ensuite.
S.W.Avez-vous jamais écrit de scénario pour des films de SF ?
I.A.Non, je n'ai aucun talent pour cela, et je veux rester à l'écart d'Hollywood. S'ils sont en train de réaliser une de mes oeuvres, ils devront trouver quelqu'un d'autre pour écrire le scénario.
S.W.Etes-vous au courant de scénarios concernant les romans de « Fondation » ?
I.A.Oh, de temps à autres, quelqu'un parle de le faire, mais jusqu'ici personne n'est parvenu à déterrer assez d'agent pour cela.
S.W.Aimez-vous les couvertures de vos livres ? Avez-vous un droit de regard dessus ?
I.A.Non, je n'en ai aucun. Les éditeurs s'en occupent totalement. Ils ne me posent aucune question, et je ne leur donne aucun conseil : mon sens artistique est nul.
S.W.Avez-vous un dessinateur de SF favori ?
I.A.Eh bien, il y a un certain nombre de dessinateurs que j'aime beaucoup. Pour en nommer quelques-uns : Michael Whelan et Boris Vallejo sont parmi mes favoris. Je suis impressionné par eux, mais cela ne signifie rien : je ne sais pas si j'ai un quelconque goût artistique.
S.W.Vous-même, n'avez-vous jamais essayé de dessiner ?
I.A.Non, je ne suis même pas capable de tracer une ligne droite avec une règle.
S.W.Que pensez-vous des tendances actuelles de la SF ?
I.A.Eh bien, pour vous dire la vérité, j'ai été élevé de manière simple et je n'ai jamais changé. En d'autres termes, les romans que j'ai écrits dans les années 80 sont très proches de ceux que j'ai écrits dans les années 40 et 50 — ils sont même un peu démodés. Heureusement, les lecteurs les lisent quand même...
S.W.Aimez-vous le fantastique ? Les histoires de Tolkien ?
I.A.J'aime Tolkien — je l'ai lu cinq fois. Honnêtement, je ne lis pas beaucoup ces temps-ci. Quand vous écrivez autant que je le fais, vous n'avez pas assez de temps pour lire. Chose curieuse, quand je lis, je m'oriente vers les énigmes policières, et je recherche plutôt les énigmes policières démodées. Je suis moi-même une personne très démodée...
S.W.Et que pensez-vous des bandes dessinées ? Etes-vous d'accord avec l'idée que c'est aussi un art ?
I.A.Oui, ça l'est. Je n'ai aucun lien avec, mais si quelqu'un voulait adapter une de mes histoires en bandes dessinées, je lui demanderais seulement de bien le faire. C'est tout.
S.W.Quelle sorte de SF préférez-vous ?
I.A.Celle que je préfère est la science-fiction un peu démodée. Je trouve qu'il est difficile de comprendre les essais modernes, aussi, j'ai peur de rechercher des histoires simples, du genre de celles que j'écris moi-même.
S.W.La plupart des lecteurs recherchent également ce genre de littérature...
I.A.Je suis heureux qu'ils le fassent, parce qu'ils peuvent trouver cette simplicité dans mes histoires et que je peux en vivre.
S.W.Avez-vous des écrivains de SF favoris ?
I.A.Mon préféré est Arthur Clarke. J'aime aussi les gens comme Fred Pohl or Larry Niven et d'autres qui connaissent bien leur domaine. J'aime aussi Harlan Ellison, bien que ses histoires soient terriblement émotionnelles. Mais je ne me considère pas comme un juge de la bonne science-fiction, pas même de la mienne.
S.W.Que pensez-vous des grands courants littéraires ?
I.A.J'ai bien peur que mes choix de lecture ne tiennent pas compte des grands courants littéraires. Je lis essentiellement d'autres choses que la fiction : de nouveaux livres de science, mathématiques, des choses comme çà. La plus grande partie de ce que j'écris, excepté mes romans, n'est pas de la fiction. Je cherche à suivre les évolutions de la science. Et c'est l'essentiel de mes lectures.
S.W.Avez-vous une idée de ce que l'avenir immédiat nous réserve ?
I.A.J'en ai plusieurs, certaines mauvaises, d'autres bonnes, cela dépendant de ce que nous faisons. Je peux voir un monde informatisé, avec des robots faisant la plupart du travail pénible ou bien un monde tourné vers l'espace, avec des gens déménageant en orbite autour de la Terre, et gagnant les astéroïdes. Mais je peux aussi voir un monde pollué dans lequel la qualité de vie diminue et un autre dans lequel nous nous détruisons avec une guerre nucléaire. Il n'y a rien qui DOIVE être, tout dépend entièrement de ce que nous décidons de faire. Naturellement, je préfèrerais voir la Civilisation continuer et s'améliorer. Je pense que c'est ce que tout le monde voudrait. Mais pourtant, les gens ont tendance à faire des choses qui blesse l'Humanité.
S.W.Quand j'ai écrit dans ma lettre que c'était formidable de vivre dans un monde en avance de 50 ans (par comparaison entre l'Europe de l'Est et les Etats-Unis), vous n'étiez pas d'accord. Pourquoi ?
I.A.Eh bien, vous pouvez toujours apprendre la technologie. Il y a cent ans, le Japon s'est mis cette idée en tête et a rattrapé l'Europe de l'Ouest. Quand il y a un modèle à suivre, c'est facile. Pourtant le progrès, tel que nous le pratiquons, signifie aussi probablement que nous polluons l'environnement plus que toute autre nation, et que nous gaspillons plus de ressources. Ceci n'est pas particulièrement glorieux. Tous les « progrès » ne sont pas des progrès.
S.W.Selon vous, qui sera le prochain président des Etats-Unis ? Est-ce que ce sera bien ou mal pour les Etats-Unis ?
I.A.Oh, je ne peux pas répondre. Je sais pour qui je vais voter — je voterai pour Dukakis. Mais je vote tout le temps Démocrate. Quelques fois je gagne, quelques fois non. Cette fois-ci encore, je voterai Démocrate.
S.W.Si vous choisissiez un lieu et une époque où vivre, quel serait votre choix ? Et pourquoi ?
I.A.Ce serait certainement maintenant, et ici. Je suis habitué à ce monde. Je sais comment y vivre, et il y a certaines choses que je ne veux pas abandonner — comme la médecine moderne. Sans cela, je serais déjà mort. Mon angine était très mauvaise, et je ne pensais pas avoir longtemps à vivre. J'ai eu un triple pontage et maintenant, je me sens bien... Il y a seize ans, on m'a enlevé la moitié de la thyroïde, à cause d'un cancer. Sans tout cela, je serais probablement mort à l'heure actuelle. C'est pourquoi je ne recherche pas une vie simple, sans antibiotiques, sans chirurgie moderne, sans anesthésiques... Dans la vie simple du passé, il y avait aussi des esclaves. Qui sait ? Je pourrais avoir été un esclave. Je préfère donc le présent, avec tous ses défauts.
S.W.Selon vous, quelle est la plus difficile barrière à vaincre pour réaliser les voyages interstellaires ?
I.A.La plus grande difficulté est la limite de la vitesse de la lumière. Aussi longtemps que l'on ne se déplace pas plus vite que la vitesse de la lumière, une vie n'est pas suffisante pour atteindre les plus proches étoiles. Dans le cas de vitesses proches de celles de la lumière, les voyageurs auraient l'impression de pouvoir atteindre une galaxie lointaine durant leur vie. Mais ici, sur Terre, des millions d'années se passeraient — de sorte qu'ils ne pourraient jamais revenir dans le monde qu'ils ont connu. Et j'ai peur qu'il n'y ait aucun moyen de vaincre ce problème...
S.W.Dans vos romans, les gens voyagent plus vite que la lumière...
I.A.C'est vrai ! Mais c'est dans des romans. Vous ne devez jamais mélanger les rêves avec la réalité. C'est facile de rêver, et c'est amusant de rêver. Mais si vous pensez vraiment que la réalité peut s'adapter à vos rêves, alors j'ai peur que vous ne soyez pas très sain d'esprit... Je suis sain d'esprit. Je sais ce qui est réel et ce qui est un rêve.
S.W.Notre perception et notre connaissance de ce monde sont basées sur les théories de la Relativité Général d'Einstein, mais celles-ci peuvent être remplacées dans l'avenir par de meilleures, tout comme les théories de Newton ont été...
I.A.Je sais, et dans mes livres, je prends toujours soin de mettre en évidence qu'il y a des choses que nous ne savons pas, et que la Relativité Générale d'Einstein fait partie de cet Univers. Peut-être pouvons-nous sortir de cet Univers. Peut-être y a-t-il des lois plus profondes que nous ne comprenons pas encore. Peut-être... Je dis ceci, parce que je suis un bon écrivain de science-fiction et que je ne fais pas les choses sans essayer de les justifier. Mais je n'y crois pas vraiment.
S.W.Est-il vrai que vous n'aimez pas voyager ?
I.A.Certainement ! Je ne prends jamais l'avion et je n'aime pas être loin de chez moi bien longtemps. Cela me simplifie la vie — c'est-à-dire que je repousse toutes les invitations à voyager sur de longues distances, et je ne voyage pas souvent sur de courtes distances. Je reste ici avec ma machine à écrire, mes livres et ma petite vie tranquille. Et j'aime çà.
S.W.Alors vous ne pourrez pas assister à notre Convention Nationale, Polcon, qui aura lieu en décembre prochain à Gdansk ?
I.A.Désolé, je n'assiste que très rarement aux Conventions. Je ne vais pas à la Nouvelle-Orléans. Je pense que l'année prochaine cette convention aura lieu à Boston. Je peux bien aller jusqu'à Boston.
S.W.Si nous organisions la Convention Mondiale à Gdansk, y assisteriez-vous ?
I.A.Non, je crains que non. La seule manière d'y aller serait en bateau, et seulement si j'avais le temps. Mais ce n'est pas très agréable... Je suis terriblement désolé. Je voudrais bien voir Gdansk, après tout, c'est la ville où commença la Première Guerre Mondiale, et c'est maintenant une ville très vivante. Mais je ne pense pas en avoir l'occasion.
S.W.Connaissez-vous le fan club polonais ?
I.A.Absolument pas. Vous en représentez toute ma connaissance.
S.W.Vous pourriez être familier de l'histoire de la Pologne... ?
I.A.Oh, oui ! Je connais l'histoire du monde entier. Oui ! Premiers morcellements en 1772, seconds morcellements en 1793, troisièmes morcellements en 1795, le Grand-duché de Varsovie sous Napoléon, la révolte contre la Russie en 1863... Je connais tout cela.
S.W.Et avant les morcellements ?
I.A.Bien sûr ! Je connais le mariage de Jadwiga et Jagiello, et que la Pologne était un grand pays en ce temps-là, et Jan Sobieski qui sauva Vienne en 1683...
S.W.A propos de l'histoire, croyez-vous en la théorie des cycles, en d'autres termes, que les gens tendent à répéter leurs erreurs, encore et encore ?
I.A.Malheureusement, ils le font. A bien des égards, les gens ne tirent pas d'enseignement du passé. Ils se battent en guerres civiles, appelant toujours des forces extérieures au secours d'un camp ou de l'autre. Ces forces extérieures les aident et prennent le contrôle du pays. Cela arrive encore et encore. Et ils ne semblent jamais avoir compris la leçon.
S.W.Pensez-vous que l'espèce humaine changera radicalement durant son l'évolution ?
I.A.Eh bien, ceci est malheureusement impossible à prédire. En l'état actuel, je pense que nous allons nous exterminer avant de subir un quelconque étonnant changement. De plus, nous avons atteint un niveau où nous modifions notre environnement pour l'adapter à nos besoins, et par conséquent, la pression pour adapter ce changement d'environnement est moins forte. Deuxièmement, nous pouvons maintenant manipuler l'ingénierie de la génétique, donc nous pourrions changer nous-mêmes sans égard pour l'environnement. Simplement changer de la façon dont nous le désirons, et qui ne serait pas toujours sage. C'est pourquoi je pense que nous avons atteint un point où les événements du futur, aussi éloignés que les changements dus à l'évolution, sont absolument imprévisibles.
S.W.Pensez-vous que quelques personnes pourraient survivre à la guerre nucléaire ?
I.A.J'espère que ce ne sera pas moi ! Honnêtement, j'en doute — je serais trop âgé. Mais je pense que les survivants seront les plus malheureux. Après ce que nous avons fait à la terre, brûlant ses ressources, détruisant ses forêts, bouleversant son sol, ajouté à cela les retombées, la radioactivité, les gigantesques feux, les morts innombrables — ce serait impossible de reconstruire quoique ce soit plus vite que les ères géologiques... Faire partie d'un petit groupe d'humains vivant péniblement avant le rideau final ne serait pas un grand plaisir...
S.W.Je n'ai jamais entendu parlé d'une histoire écrite par vous, et dont l'action se situe dans le passé...
I.A.C'est vrai. Et la raison en est que je n'ai jamais été capable de trouver le temps de faire les recherches nécessaires. Jean Auel, qui a écrit « Le clan de la caverne de l'ours » et « Les chasseurs de mammouth », a d'abord fait beaucoup de recherches, et y a passé des années. C'est pourquoi toutes mes fictions se situent dans le présent ou dans le futur. Et si c'est dans le présent, c'est un présent que je connais. Je ne cherche pas de lieux exotiques — toutes mes histoires de meurtre se déroulent à New York.
S.W.Avez-vous remarqué qu'il y a plusieurs ressemblances entre l'Empire romain et les Etats-Unis ?
I.A.Certaines personnes le pensent. J'ai souvent pensé, par exemple, que l'Allemagne nazie avait pris la place de Sparte en Europe. Et je me suis quelque peu amusé, durant la Seconde Guerre Mondiale, à comparer la situation en Europe avec celle de la Grèce Antique du temps de la guerre du Péloponnèse, pour voir si je pouvais expliquer ce qui se passait alors... L'Histoire est si complexe que vous pouvez le faire de milliers de manières différentes. Toynbee a essayé de montrer que toutes les différentes civilisations suivent le même schéma, et je pense qu'il a échoué. Il a choisi un schéma que la civilisation classique utilisait et y a brutalement intégré tout le reste. C'est pourquoi s'il a été populaire en son temps, il est maintenant considéré comme quelqu'un n'ayant pas vraiment réussi.
S.W.Dans votre dernier roman « Prélude à Fondation », j'ai trouvé plusieurs personnages et situations propres aux Etats-Unis. Etes-vous d'accord ?
I.A.Vous devez comprendre que la seule culture que je connaisse et dans laquelle je me sente chez moi, c'est les Etats-Unis. Je ne peux guère utiliser une autre culture comme modèle, simplement parce que je ne connais pas assez les autres. Tout ce que je connais de l'histoire de la Pologne est ce que j'en ai lu. Je n'ai jamais vécu en Pologne, je n'ai jamais côtoyé la culture polonaise. Si j'essayais de décrire une société future qui ait des ressemblances avec la culture polonaise actuelle, n'importe quelle personne ayant été en Pologne en rirait. Je n'essaye donc pas. Il est important de connaître ses limites.
S.W.Ne pensez-vous pas que dans « Prélude », il est bien plus question de nourriture que dans vos romans précédents.
I.A.Bien plus question de quoi ? !
S.W.De nourriture...
I.A.Je n'avais pas remarqué ! Mais c'est bien possible ! Et involontaire. Si c'est le cas, c'est le hasard. Maintenant que j'y pense... peut-être. J'étais anxieux de montrer différentes cultures, et une façon de faire est de montrer ce que les gens mangent, s'ils mangent seuls ou ensemble, vous voyez, des choses comme ça. Je ne peux pas vraiment discuter des arts ou du sport parce que je n'y connais rien, mais par contre, comme tout le monde, je mange.
S.W.Et quelle cuisine préférez-vous ?
I.A.Eh bien, voyons voir... Je fais des efforts constants pour ne pas prendre de poids et une des raisons en est que j'adore en principe tous les genres de nourriture. J'aime la cuisine chinoise, française et italienne, aussi bien que les sauces polonaises... Je ne sais pas ce qu'est un plat typiquement polonais, mais si quelqu'un m'en proposait un, je l'aimerais très probablement. Voilà. Oh, je mange également dans des restaurants russes — nous avons ici, à New York, des restaurants de toutes sortes d'ethnies, et ma femme et moi nous en connaissons un grand nombre.
S.W.Et que pensez-vous des plats vite prêts ?
I.A.Ma femme ne me laisserait pas faire. J'adore les hamburgers, les hot-dogs, toutes ces choses — je serais heureux d'en manger — mais elle ne me laissera pas.
S.W.Pourquoi donc ?
I.A.Eh bien, elle veut me garder en vie.
S.W.Selon vous, quel personnage est le plus proche de vous dans vos romans ?
I.A.Je suppose que ce serait Elijah Bailey dans « Les cavernes d'acier », « Sous les feux du soleil » et « Les robots de l'aube ». C'est une personne qui possède les vertus que je voudrais, et les défauts que je me connais.
S.W.Croyez-vous qu'il y a une place pour les robots, dans le futur proche de l'humanité ?
I.A.Oui, je pense que, si nous survivons, nous allons développer les robots et le monde robotisé de l'avenir ressemblera un peu plus à celui que je décrivais il y a quarante... presque cinquante ans.
S.W.Qu'est-ce qui vous pousse à continuer à écrire des romans ?
I.A.Une chose qui me motive est que les lecteurs semblent les aimer et je reçois d'innombrables lettres disant : « Ecrirez-vous un nouveau roman ? », « S'il vous plaît, écrivez un nouveau roman », « Nous attendons un nouveau roman ». Une autre raison est mes éditeurs, qui me disent qu'ils me tueront si je n'écris pas de nouveau roman, et la troisième raison est le maigre argent que j'y gagne. Je tiens à m'assurer que si je meurs, ma femme et mes enfants seront à l'abri du besoin.
S.W.Ne ressentez-vous pas de plaisir à écrire ?
I.A.Bien sûr, mais j'ai plus de plaisir à écrire de la non-fiction que de la fiction. Et dans la fiction, j'ai plus de plaisir avec les énigmes policières qu'avec la science-fiction. Plus j'ai de plaisir à écrire quelque chose de particulier, moins je gagne d'argent. Ainsi, alors que c'est avec la science-fiction que j'ai le moins de plaisir, c'est avec elle que je gagne le plus d'argent. Qu'est-ce que j'y peux ?
S.W.S'il vous plaît, continuer à écrire !
I.A.Je le ferai.
S.W.Merci beaucoup pour cet entretien !
I.A.S'il vous plaît, quand vous rentrerez chez vous, dites à tout le monde à Gdansk et dans toute la Pologne, que parfois je regrette de ne pas voyager, ainsi je pourrais rencontrer mes fans en Pologne et dans le monde entier. Mais malheureusement, la vérité est que je ne voyage pas. Ainsi, cela doit être fait de cette manière, grâce au miracle de la science moderne : ma voix enregistrée et quelqu'un qui voyage par avion pour venir me voir...

 

Merci à Isaac Asimov et Slawek Wojtowicz.

 

 

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