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les robotsici et aujourd'huiIci et aujourd'hui, on peut mettre en évidence les deux directions convergentes suivantes : l'homme se mécanise de plus en plus, alors que le robot s'humanise, sous la volonté de son créateur. Où allons-nous ?
L'homme se mécaniseDepuis quelques années, le nombre d'éléments mécaniques artificiels implantés dans le corps humain croît sans cesse, aussi bien en diversité qu'en qualité. Ainsi en est-il :
Toutes ces modifications du corps humain poussent l'homme à devenir ce qu'on appelle parfois un cyborg : un organisme cybernétique. Une autre forme d'implant existe : les greffes, implants biologiques, dont les sources peuvent être multiples : soi-même, d'autres personnes, ou bien dans un avenir proche, peut-être des clones ; tout comme pour les prothèses mécaniques, l'intégrité du corps humain est ici modifiée. Mais cela peut aller bien plus loin, au point de ne plus vraiment savoir si l'être ainsi cloné, construit, est un homme ou un robot : question qui se pose, à l'image du livre « Le meilleur de mondes » de Aldous Huxley.
Le robot s'humaniseL'autre direction de convergence est l'évolution physique et intellectuelle du robot. L'objet mécanique existe depuis bien longtemps, et est passé par plusieurs étapes, dont les automates plus ou moins réels, puis les outils mécaniques que l'on retrouvait dans les usines. Pour arriver au robot anthropomorphe de la littérature de science-fiction. Du fait même de l'origine du terme, c'est quand l'outil mécanique prend visage humain qu'il prends aussi le nom de robot. La mécanique a évolué non seulement pour s'adapter aux besoins des hommes, mais aussi et surtout pour se rapprocher de l'être humain, car, finalement, la forme générale de l'homme —un torse, une tête et quatre membres— n'est pas la plus adaptée à nombre de travaux. Elle a pourtant un avantage intéressant : il est plus facile et plus économique de concevoir un unique robot à forme humaine, et qui utilisera tous les outils prévus pour l'homme, plutôt qu'une flopée de robots aux formes variées adaptées aux différents tâches qui les attendent. Le visage aussi est actuellement reproduit pour refléter au mieux les émotions. Veut-on ainsi donner un visage humain aux outils qui nous servent, sorte de palliatif de l'esclavage ? Ou bien, au contraire, pousser l'homme à reconnaître le robot comme un être vivant proche de nous, une copie de l'humain : un androïde ? Dans ce cas, la forme ne suffit pas, et l'intelligence devient un critère sine qua non. Si la définition de l'intelligence est un sujet philosophique des plus complexes, il semble que deux écoles s'opposent sur l'atteinte de cette intelligence artificielle : pourra-t-on créer une véritable intelligence artificielle par la quantité d'informations traitées, ou bien par la manière dont ces informations sont traitées ? D'autres personnes proposent de créer une intelligence, non pas monolithique, mais collective, sous forme d'une multitude de robots simplifiés, à l'image des sociétés d'insectes.
La Quatrième LoiN'oublions pas un élément de convergence capital : quand un robot sera-t-il déclaré vivant ? On peut caractériser le vivant par trois capacités, selon Joël de Rosnay dans « La genèse du vivant » : s'alimenter, s'autoréguler et se reproduire. Ainsi, certaines machines ont déjà la capacité de s'alimenter : c'est le cas des aspirateurs ou des tondeuses électriques qui passent la journée à évoluer en autonomie pour ensuite se recharger seuls. Des machines industriels peuvent s'auto-diagnostiquer et parfois s'auto-réparer en utilisant des systèmes redondants. Et la reproduction ? John von Neumann (1903-1957) a partiellement répondu à ce point en proposant le principe des machines auto-répliquantes.
L'écrivain Harry Harrison, quant à lui, n'y a pas été indifférent en ajoutant aux Trois Lois d'Asimov, une Quatrième Loi :
Loi citée par un robot papa dans la nouvelle « La Quatrième Loi de la Robotique »
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Et c'est ici qu'entre en jeu le robot : il reprend de la machine les mouvements humains, en les copiant au plus près, grâce à une morphologie qui se rapproche de plus en plus de l'homme, et il reprend de l'ordinateur la capacité d'un travail en autonomie, dirigé par une programmation de base, qui peut évoluer en fonction des nouveau éléments que le cerveau, dorénavant actif, va lui-même aller chercher ! Si cette classification me plait bien, il n'est bien sûr pas possible de tout y faire rentrer : le robot ménager ne porte pas vraiment bien son nom, les Machines de la nouvelle « Conflit évitable ! » devraient être qualifiées d'Ordinateurs... Mais les mots sont aussi une marque de leur époque. Qui sait ce que nous appellerons robots dans les décennies à venir. |
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La convergence établie, celle-ci génère pourtant des questions sur d'éventuelles divergences.
En effet, dès à présent, tous les robots actuellement conçus ne le sont pas sur le modèle humain : de multiples animaux servent de moule ; que ce soit les robots-insectes, déjà mentionnés, les robots-chiens à vocation de jouets ou de guide d'aveugle, les robots-serpents qui intéressent l'armée pour leurs discrets déplacements en milieu hostile, ou d'autres encore.
Et si, pour une obscure raison propre à l'humanité, le point de convergence dépassé, chacun voulait avoir ce que possède l'autre ? L'homme désirant devenir toujours plus métallique tandis que le robot voudrait être plus sensible, plus mortel ? A l'image de la nouvelle Ségrégationniste d'Isaac Asimov, ou bien de L'homme bicentenaire.
De plus, les multiples robots conçus ou qui le seront, ne se limitent pas à reproduire l'image et les capacités de l'homme, mais parfois les dépassent : plus rapide, plus précis, plus puissant, peut-être un jour plus intelligent. D'où la nécessité de lois adaptées. Aussi bien pour l'homme que pour le robot. Pourquoi pas les Lois de l'Humanique et les Nouvelles Lois de la Robotique ?
Si les Lois de l'Humanique n'apparaissent que dans la préface à « La cité des robots », on les sent émerger sous la plume d'Asimov dans « Les robots et l'Empire » :
Un être humain ne doit pas faire de mal à un autre être humain ni, par son inaction, permettre que du mal soit fait à un être humain.
Un être humain doit donner à un robot des ordres préservant l'existence du robot, à moins que ces ordres ne causent du mal ou de la gêne à des êtres humains.
Un être humain ne doit pas faire de mal à un robot ou, par son inaction, permettre que du mal soit fait à un robot, à moins que ce mal ne soit nécessaire pour protéger du mal un être humain ou pour exécuter un ordre capital.
Ceci devrait donner à réfléchir à plus d'une personne dans le monde ! Pourtant, lire ces lois ne fait que nous renvoyer vers les Lois de le Robotique. Comme ces lois, le robot n'est-il pas encore une fois une sorte de miroir qui ne fait que nous renvoyer notre image déformée ?
A noter une autre version des Lois de l'Humanique, énoncées sous la plume de plusieurs auteurs dans la série des « Robots et extraterrestres ». Elles sont peu à peu élaborées par des robots protéiformes qui ne possèdent pas la définition de l'être humain. Les réflexions de cette série sont intéressantes car mettant en scène les multiples travers des Trois Lois de la Robotique.
Certains auteurs n'hésitent pas à aller plus loin en révisant complètement les Trois Lois de la robotique. Ainsi, l'écrivain Roger McBride Allen, dans « Le robot Caliban », permet au Dr Fredda Leving, éminent spécialiste des robots sur la planète spacienne Inferno, d'exposer une analyse des Trois Lois qu'elle considère comme obsolètes, et une évolution de celles-ci vers de Nouvelles Lois de la Robotique. | ||
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![]() Détail de « Le robot Caliban »
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Je recommande « Le robot Caliban » (Ed. J'ai lu, 1994, page 273) pour l'intéressante analyse du Dr Fredda Leving.
Et l'histoire des robots ne s'arrête pas là...
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