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les robots
R.U.R. et Dr Frankenstein
Les légendes sont peu à peu dépassées, oubliées, au profit de récits plus proche de l'actualité de l'époque concernée. Les êtres artificiels perdent leur magie divine et incompréhensible pour prendre une forme plus concrète, que chacun de nous peut appréhender. Ainsi en est-il des deux récits qui suivent.
La créature du Dr Frankenstein
Mary Wollstonecraft Godwin naquît à Londres (1797 - 1851), où, jeune femme, elle fut enlevée de manière très romantique par le poète Percy Bysshe Shelley. C'est à cette époque que les scientifiques multipliaient les découvertes sur l'électricité : en 1791, le physicien italien Luigi Galvani avait produit la contraction des cuisses de grenouilles en les mettant en contact avec deux métaux différents, tandis que Alessandro Volta inventait quelques années plus tard la première pile électrique...
C'est à partir de ces éléments que Mary, Percy et leur ami George Gordon, le célèbre Lord Byron, eurent l'idée d'un récit où la vie serait créée à partir d'électricité. Seule Mary Shelley devait mener son projet à terme, devenant, par certains aspects, plus célèbre que son mari. A l'âge de vingt ans à peine, elle écrivait et publiait « Frankenstein ou le Prométhée moderne », roman dans lequel le savant Dr Frankenstein décide de créer de toutes pièces un homme, à partir de cadavres.
« La créature inspire la révulsion à tous ceux qu'elle approche, malgré son besoin désespéré et pathétique d'affection, de compassion, de compréhension et de compagnie. Son rejet entraîne un dénouement propre au récit d'horreur romantique : la mort, la folie engendrée par le chagrin, la destruction, une poursuite terrifiante dans les étendues glacées de l'Arctique et le châtiment de la providence. »
Extrait du quatrième de couverture de l'édition anglaise « Wordsworth Classics »
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Le récit original est souvent détourné, pour faire oublier que la créature est née bonne, mais qu'abandonnée par son créateur, méprisée par tous, elle se venge en tuant le savant avant de s'enfuir au bout du monde, seule. On y voit souvent un être démoniaque et malfaisant, certainement du fait de l'hérésie d'un tel ouvrage vis-à-vis de la religion chrétienne. Une créature démoniaque, mais aussi un savant fou, qui ne respecte aucune règle, une manière de mettre en avant les risques que peut engendrer une science sans conscience.
La créature du Dr Frankenstein s'écarte un peu plus des légendes : elle est animée par la foudre, symbole d'un dieu colérique, mais elle est conçue d'une part à l'instigation d'un homme, et d'autre part à partir de morceaux de cadavres humains et non de matière minérale inerte.
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De plus, le savant a assemblé péniblement les pièces d'un véritable puzzle humain, comme s'il construisait une machine... mais une machine capable de penser. En voici d'autres.
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Robots Universels de Rossum
« Rossum Universal Robots » est une comédie utopique écrite par Karel Capek (1890-1938), docteur en philosophie de l'université de Prague, qui a produit plusieurs romans relevant de l'anticipation scientifique, en particulier « La guerre des Salamandres » ou « La Fabrique d'Absolu » (Ed. Ibolya Virag, Paris). Ecrite en 1921 et traduite en anglais deux ans plus tard, cette pièce fut représentée à Paris sur la scène de la Comédie de Champs-Elysées en 1924, sous la direction de Jacques Hébertot.
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R. U. R. a marqué l'histoire de la science-fiction puisque c'est là qu'apparaît pour la première fois le mot robot. Il vient du tchèque roboti, verbe qui signifie travailler de manière pénible, effectuer de lourdes taches.
Dans la pièce, Rossum est un savant qui a découvert une substance chimique semblable au protoplasme, à partir de laquelle il a conçu des êtres appelés robots, qui ressemblent à des humains mais entièrement dirigés vers le travail : aucune vie sociale, aucun loisir, aucun désir. Hélas, les hommes tentent d'utiliser les robots pour faire la guerre, ces derniers se révoltent, prennent le pouvoir et détruisent le reste de l'humanité.
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Les indications scéniques précisaient que « les robots sont habillés comme tout le monde. Il y a quelque chose de sec, de cassant, dans leurs mouvements et dans leur prononciation. Visages sans expression, regard fixe. »
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Extrait du prologue
DOMIN (directeur général de R.U.R.) :
Une machine de travail n'a pas besoin de sentir la joie, ni de jouer du violon, ni de faire un tas de choses de ce genre. Un moteur à pétrole n'a pas besoin d'avoir des pompons ni des ornements, mademoiselle. Et fabriquer des ouvriers artificiels, c'est la même chose que fabriquer des moteurs à pétrole. L'essentiel, c'est que la fabrication soit aussi simple que possible au point de vue pratique. Quel est le meilleur ouvrier au point de vue pratique, qu'en pensez-vous ?
HELENE (jeune demoiselle ingénue) :
Le meilleur ? Peut-être celui qui est honnête et dévoué.
DOMIN :
Mais non, c'est celui qui est le meilleur marché.
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Pour la première fois, l'être artificiel est produit en série, par milliers, et vendu dans le monde entier. Ce n'est plus un être unique, créé par un dieu ou un génie, mais un simple outil créé en usine, à l'image d'une voiture : il perd ainsi sa valeur et devient remplaçable.
Une production industrielle qui n'est pas sans rappeler celle que l'on retrouvera quelques années plus tard dans le roman de Aldous Huxley « Le meilleur des mondes ».
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